vendredi 30 décembre 2016

The Last Guardian


"Rex, donne la papatte !"
Sony Japan
Genre : Apprivoiser une I.A.
Verdict: ?/5
(0=Chihuahua, 1=Caniche, 2=Berger Allemand, 3=Saint-Bernard, 4=Dobermann, 5=Poney)

Si vous avez manqué le début

Un enfant très tatoué se réveille au coté d'un chien géant à plumes qu'il nomme Trico. Le mioche découvre que s'il veut sortir du gigantesque labyrinthe dans lequel il se trouve il va devoir s'allier avec le gros cleps-poulet. Commence alors un subtil jeu d'apprivoisement entre le gamin et la big bestiole pour parvenir à franchir toutes les embûches sur le chemin vers la délivrance.


"Rintintin, attaque !"
En détail

A l'instar d'ICO et Shadow of the Colossus avant lui The Last Guardian est un jeu vidéo très éloigné des conventions. Comme il existe des films sans scénario, des peintures monochromes et des musiques sans mélodies, The Last Guardian rompt avec les codes habituels. Pas de chemin tracé, pas de mécanique huilée, pas de statistiques pour se mesurer, rien à quoi se raccrocher pour se rassurer.
Une approche semblable aux précédentes productions de l'auteur, on n'est donc pas dépaysé.

L'expérience s'adresse à deux catégories de personnes. Le néophyte qui n'a pas les réflexes routiniers du Gamer pro et le joueur blasé qui cherche à s'échapper des genres strictement encadrés de son loisir préféré.
Ce n'est pas un jeu de plateforme traditionnel, d'ailleurs dès qu'il semble fournir des éléments connus du genre il s'en débarrasse avant de lasser. Par exemple lorsque le garçon acquiert un bouclier en début de partie on s'aperçoit qu'il peut en faire usage pour déclencher une action spécifique de la bête. Après quelques obstacles franchis de cette manière, le bouclier disparaît. Il ne sera de retour qu'à la toute fin, on n'est pas chez Zelda.
Il n'offre pas de systèmes de gameplays complexes. Pour avoir la vie sauve lors des affrontements l'enfant doit fuir la menace et compter sur l'intervention de Trico. La progression dans le labyrinthe ne s'effectue pas en maîtrisant un mouvement au poil de seconde. Si vous cherchez à briller en société par vos skillz, voyez avec Overwatch.

Tous ces choix de design ont un but précis : la star du jeu n'est pas l'enfant que l'on contrôle mais la simulation d'animal vivant que l'on regarde.
Dans la plupart des jeux grand public simulant une Intelligence Artificielle (Creatures, Black & White) les routines réagissent aux actions du personnage principal, en dehors de quoi elles sont programmées pour effectuer quelques mouvements basiques. La créature autonome Trico, "le dernier gardien" auquel le titre se réfère, est une I.A. fascinante avec laquelle on va devoir être patient, très patient, car elle ne semble obéir qu'à son instinct. Impossible de "dresser" la chose, il faudra établir une véritable relation de confiance avec elle en répétant des ordres simples pas toujours suivis.

Chaque nouveau lieu découvert réclame de visualiser la prochaine destination et de trouver un moyen d'y amener Trico. Si au début la solution apparaît clairement après quelques escalades, la suite va réclamer une observation poussée du décor et des outils mis à notre disposition : un tonneau de bouffe à balader, un poids à accrocher, un levier à atteindre, un chariot à déplacer, etc. Une fois notre dispositif mis en place on devra convaincre la monture géante d'une façon ou d'une autre pour progresser, le sel du jeu étant de le deviner sans céder à la facilité d'aller chercher une soluce sur le Net (exactement comme Shadow of the Colossus et ICO).
On apprend petit à petit à observer les changements de couleur de ses pupilles, ses postures et ses cris qui nous préviennent d'un danger imminent ou nous indique un point d'intérêt. Et la magie opère lorsque après plusieurs péripéties et un lent apprentissage au fil des heures on voit la bête nous sauver d'une chute mortelle, de sa propre initiative.
L'auteur a ainsi ménagé plusieurs rebondissements scriptés et pousse l'utilisation de sa création au maximum de ses possibilités avec l'aide d'un moteur physique réaliste. Que se passe-t-il lorsque Trico redevient une bête sauvage ? Comment se comporte-t-elle dans l'eau ? Ses ailes atrophiées et ses cornes phosphorescentes ont-elles une utilité ?

Difficile de juger The Last Guardian sur des critères tangibles. C'est une expérience où l'on apporte ce qu'on souhaite ressentir, un miroir qui reflète votre façon d'y participer.
Si vous l'envisagez comme un challenge à vaincre TLG ne vous apportera que frustration et déception. Frustration car on ne peut contrôler le personnage principal du jeu, déception parce qu'il vous en aura coûté 70 € pour vous promener une dizaine d'heures dans des décors vides comportant quelques cul-de-sac inutiles.
La relation entre les deux captifs est le cœur de l'odyssée, dans tous les sens du terme. Ils doivent s'aider mutuellement pour s'échapper, le gamin nourrissant Trico et lui ouvrant les portails, l'animal franchissant les gouffres et chassant les armures hantées. Chacun apprivoise l'autre. Régulièrement une scénette ou une voix off nous en apprend plus sur l'histoire du gamin, complétant petit à petit la raison de sa présence aux cotés de l'animal et la finalité de l'aventure.

Ce jeu est fortement conseillé à celles et ceux ayant apprécié ICO, ainsi qu'aux curieuses et aux curieux qui veulent du gaming différent en acceptant de payer le prix fort. Pour tous les autres, tentez l'expérience dans quelques mois, lorsque son tarif passera sous les 30 €.

"Milou ! t'es caché où ?"

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